ALGERIE 1958


Le 5 janvier 1958, malgré les moyens déployés, l'opération Merdja 2 ne connaît pas le même succès que la précédente : 7 HLL apréhendés et la découverte de plusieurs caches contenant des documents, des médicaments, des vêtements et des couvertures.

Le 19, opération Sulpice. Un EMT du régiment participe à la fouille et au contrôle des populations de la vallée de la Bouchenla et du village de Craba, à 2 km au sud de Boufarik. 443 suspects sont arrêtés puis relâchés.

La fin du mois est endeuillée par un terrible accident de la circulation au retour de l'opération Laimeche. Un GMC de la 2° Cie s'écrase au fond de l'oued Chiffa entre Médéa et Blida. Un bien triste bilan : 10 tués et 9 blessés pour peu de résultats et beaucoup de fatigue.

1958 est le tournant militaire de la guerre d'Algérie.

Les combats atteindront leur paroxysme lors de la bataille des Frontières en avril-mai, mais jamais, l'inverse du Viêt-Minh, l'ALN ne pèsera sur les décisions politiques par son action sur le terrain. Du côté français, l'efficacité des troupes d'intervention est à son zénith, l'outil, forgé par 9 ans d'une guerre lointaine, est sans équivalent dans le monde.

Et Bigeard, l'ancien patron du 6° BPC, de déclarer au Journal d'Alger : "Pour lutter contre eux dans une guerre subversive de ce type, il faut employer leurs méthodes, bouffer de la piste et du djebel, coucher à la dure et ne dormir que d'un oeil..."

A cela s'ajoute depuis 1957 l'utilisation intensive des hélicoptères. Leur emploi permet d'acheminer presque instantanément des unités en différents points du champ de bataille, là où il fallait plusieurs heures de marche ou de mulets.

Quand, le 27 janvier 1958, le 6° RPC participe à Diabolo Ouest 2, dans la région d'El Ouzana - Torch, un Détachement d'Intervention Héliporté (DIH), capable d'enlever une demi-compagnie en une seule rotation, est adjoint à l'opération. Une bande est signalée et le "6" est héliportés pour l'intercepter. Bilan : 53 hommes arrêtés, 1 tube de mortier 81 mm, 1 lance-roquette, 1 revolver, 8 fusils de chasse, des munitions, habillement et matériels divers.

Le 8 février, le 6° RPC reprend les mêmes missions dans la région oued Soufflat - djebel Hella-la - oued Acrib. Tout de suite, la 1° et la 3° Cie accrochent.

Jusqu'au 17, les bouclages et les ratissages se poursuivent ponctués de poursuites sur les crêtes des djebels, d'accrochages et d'embuscades dans les vallées. En fin d'opération, le bilan du 6° RPC est satisfaisant : 10 HLL tués, dont le chef de groupe Si Mahmed, 4 blessés prisonniers, 14 armes, dont un FM Bren, récupérées.

Le 21, le 6° RPC est engagé dans l'opération Boulimie qui donnera lieu à un combat meurtrier entre la 2° Cie et une bande rebelle puissante et bien commandée. La 2° section est prise à partie par une trentaine de HLL bien armés à 100 mètres à l'ouest de Si Bou Zaaroui. Les 2 premiers groupes, tirés à bout portant, perdent d'un seul coup 9 paras (7 tués et 2 blessés). Les survivants se replient vers le village. Les HLL installés sur la pente nord de la cote 568 ouvrent le feu sur le reste de la 2° section et sur la section de commandement qui ripostent. Une quinzaine de HLL se lance à l'assaut de la 2° section qui se replie et se regroupe au nord du village. Les 2° et 3° sections soumises à un feu mal ajusté utilisent toute la puissance de leurs armes. L'intervention de la chasse provoque la dispersion des HLL se dispersent. Les efforts des paras pour venger leurs frères d'armes demeurent vains car la bande réussit à s'exfiltrer malgré la rapidité du bouclage.

Mais voici que le 6° RPC entre à son tour dans la mouvance des événements algérois.

Le 25, il est mis à la disposition du commandemant du secteur Alger-Sahel. Les compagnies prennent le contrôle de leurs secteurs respectifs : 1° Cie cité Mahiédine, 3° Cie quartier Belcourt, 4°Cie Clos Salembier. La CA est restée à Blida et assure le maintien de l'ordre dans la ville. De son côté, l'escadron de reconnaissance poursuit ses missions auprès des pétrohers du désert. Le 6° RPC assure le maintien de l'ordre dans son secteur jusqu'au 10 mai.

Le 13 mai, il revient à Alger. L'émeute bat son plein.

Le 16, une manifestation monstre mêle Européens et Musulmans.

Le 21, soulagé, le 6° RPC retrouve ses cantonnements de Blida.

Le 22, le 6° RPC, qui a récupéré toutes ses éléments, entame la fouille des thalwegs de la Chiffa. La 3° Cie met à jour une cache alors que la 1° Cie progresse vers la cote 782 qui domine l'oued Labadi. Soudain , la 3° section est clouée au sol par des tirs d'armes automatiques, de fusils et de lance-grenades, La compagnie riposte puis les rebelles décrochent : 1 para est tué et 5 blessés - 4 HLL tués, 4 prisonniers, saisie d'armes et de documents. Le lendemain, en ratissant les lieux du combat, on trouve encore 3 cadavres et 2 blessés mal en point. L'opération se poursuit jusqu'au 25 mai par le bouclage de l'oued Moukrzen dans la région de Beni Zermane. Une bande a été signalée dans les villages de Drahreni et de Si-Ostmane. 3 rebelles sont encore abattus et 3 autres faits prisonniers.

En Kabylie, réfugiés dans leurs sanctuaires inexpugnables du Djudjura de l'Idjeur ou de la vallée de la Soummam, les rebelles, rudes montagnards et guerriers sauvages, tiennent tête à l'armée française. C'est là que se trouve le légendaire et impitoyable Amirouche qui, pendant plus de 3 ans, a répandu la terreur sur toute la région.

Le 6° RPC est à Blida où il partage son temps entre les activités opérationnelles de secteur et l'instruction.

Le 17 juin, le 6° RPC entame dans la région de Maillot une série d'opérations qui va lui faire arpenter la Kabylie pendant près d'un mois et livrer de violents combats. Le ton est donné dès le premier jour quand la 3/1° Cie est accrochée à bout portant par une petite bande de HLL qui blessent 4 hommes.

Le 21, une section accroche durement une bande bien armée à proximité de Taker-boust. 5 paras sont blessés mais pour les fells, le bilan est lourd : 16 tués, 15 prisonniers et 11 armes récupérées.

Le 29, les paras fouillent le secteur d'Akbou. Une embuscade se produit. Sous le feu des armes automatiques, 6 paras sont tués.

Les paras exploitent les renseignements que fournit la population excédée des exactions d'Amirouche : Interception de convois d'armes, fouilles, ratissages...

Le 11 juillet, le 6° RPC accroche les rebelles qui vont compter 13 tués, 13 prisonniers et 11 armes récupérées.

Les 13 et 14, les compagnies continuent sur leur lancée : encore 5 HLL tués et 10 prisonniers.

Le 16, le régiment se regroupe à Blida (les rebelles déplorent à ce jour 70 tués et 53 blessés et prisonniers) avant de partir pour l'Atlas.

Du 24 au 29, le 6° RPC participe aux opérations Vendôme etTitan.

Le 5 août, dans le cadre de l'opération Mechata, une centaine de rebelles tentent de rompre l'encerclement en direction de l'est. Mais l'aviation et l'artillerie les renvoient dans la nasse où les attendent les paras.

Le 8, après plusieurs combats violents, les rebelles ont perdu 19 tués et 2 prisonniers.

Durant tout le mois d'août, les paras parcourent les pistes de l'Atlas. L'ALN perd encore 11 hommes, et de nombreux documents sont saisis.

Début septembre, le régiment est engagé dans la région d'Aumale.

Du 2 au 8, toutes les compagnies accrochent durement les rebelles.

Le 11, le lieutenant-colonel Ducasse prend le commandement du "6". C'est aussi un baroudeur de légende : campagne de 1940 dans les corps francs, débarquement de Provence, Alsace et 2 séjours en Indochine.

Du 16 au 29, le 6° RPC est engagé pour "assainir" la zone montagneuse de Mouzaia (Willaya 3) et interdire au FLN toute possibilité d'action sur la région de Blida, en détruisant son organisation et en s'opposant à la mise en place de ses troupes. Quand le "6" rentre à Blida, ses unités ont abattu 13 HLL et récupéré 7 armes.

Le 2 octobre, il assure le maintien de l'ordre à Orléansville pour la visite du général de Gaulle.

Du 13 octobre au 12 novembre, le "6" bascule en ZEA (Zone Est algérois) et participent en Kabylie aux opérations Chambéry et Brumaire. Les accrochages sont fréquents et toujours violents à l'approche des sanctuaires des rebelles.

Le 16 octobre, un renseignement signale la présence probable d'Amirouche dans un village. Mais le redoutable chef kabyle passera cette fois encore à travers les mailles du filet. Néanmoins, le coup est sévère pour la Willaya 3 : 10 tués, l'OPA (Organisation Politico-Administrative) décapitée, 53 prisonniers, du matériel lourd, des armes, 3 postes radio et 12 tonnes de ravitaillement détruits.

Le 19, dans le cadre de Brumaire, le "6" opère dans la région de Maillot-Gare. Cette fois, avec la découverte de la Base Tanger, vitale pour la Willaya 3, les paras touchent le pactole. La réaction des rebelles est violente. La nuit se passe en embuscades et en patrouilles. A l'aube, au gré de la progression, les paras retrouvent de nombreux cadavres HLL et détruisent des caches importantes.

A la fin de ce mois, le bilan est sans précédent au prix de 3 morts et 14 blessés, le 6° RPC a infligé à l'ALN 48 tués et 21 prisonniers. Il a en outre détruit la Base Tanger, représentant l'infrastructure et la logistique d'un faïlek (bataillon ALN), 20 tonnes de ravitaillement, 2 infirmeries équipées. Les paras ont également récupéré 14 armes dont 2 mitrailleuses 12,7, plusieurs dizaines de grenades, des roquettes PlAT, une quarantaine de mulets, des médicaments et une partie des archives de la Willaya 3.

A partir du 17 novembre, le 6° RPC participe à l'opération Couronne 1 à la recherche des commandos. Les paras mettent encore 11 HLL hors de combat.

Le 1° décembre 1958, sans changer de structures, il prend l'appellation 6e Régiment de Parachutistes d'Infanterie de Marine.

A la veille de Noël, du 17 au 23, lors de l'opération Frimaire, le 6° RPIMa est engagé dans les secteurs de Michelet et d'Akbou pour détruire le PC de la Willaya 3 et les bandes rebelles, puis engage une action psychologique sur la population en vue d'obtenir des ralliements. En une semaine, la Willaya 3 perd 32 tués et 5 blessés prisonniers.

Le 29, les paras reviennent en Kabylie.