ALGERIE 1959


Le 6 janvier, les rebelles retranchés dans le village d'Aletta tiennent les paras en échec. Voyant se resserrer l'étau, ils tentent une sortie en force contre la 4° Cie. Le choc est violent, mais les paras tiennent et contre-attaquent même. Les rebelles lancent un deuxième assaut. Une âpre mêlée s'engage qui interdit les tirs d'appui.
Puis, l'aviation et l'artillerie interviennent massivement contre les rebelles qui n'en continuent pas moins leurs assauts. Les pertes sont lourdes des 2 côtés. Une noria d'hélicos évacue les paras blessés. Les combats acharnés dureront encore 5 jours. Bilan de l'opération : 229 HLL tués, 11 prisonniers, 121 armes dont 4 FM, des munitions de tous calibres dont 12 obus mortier, des grenades, 3 postes radio, 6 kg de documents et 1 drapeau. Par ailleurs, une grotte refuge, 3 infirmeries, 31 caches et 1.5 tonne de ravitaillement sont détruits.

Le 18, les débris des katibas accrochées le 6 janvier sont anéantis.

Au mois de février et dans la première partie du mois de mars, le 6° RPIMa bénéficie d'un répit relatif, mais participe quand même à quelques opérations.

Le 28 mars, une nouvelle fait rapidement le tour du régiment : Amirouche serait dans la région !

Les paras l'ont manqué de peu le 22 mars, mais ils ont capturé son secrétaire. Grâce aux renseignements obtenus auprès de la population, le colonel Ducasse a monté une opération malgré les réticences des autorités de secteur. Dans l'aube naissante, les unités se mettent en place discrètement. Les paras sont à pied d'oeuvre sur les pentes du djebel Tsameur. En silence, les paras gravissent les flancs de la montagne. Chaque compagnie s'infiltre dans le djebel et le fouille méticuleusement. A midi, l'ennemi, fixe, ne peut plus s'échapper. Le 6° RPIMa entre alors en action. 3 compagnies sont déployées : la 4° Cie à l'ouest, la "1" au centre et la "2" à l'est. En réserve, la "3". Les fells ajustent leurs coups comme à l'exercice. On grimpe en rampant, des hommes tombent... Le combat est très dur. Il faut réduire séparément chaque nid de résistance. Une multitude de duels se livre de trou à trou. Les grenades détonent sèchement, les rafales crépitent... Les fells tentent un ultime baroud : 7 HLL sont tués et 3 prisonniers. L'un d'eux, terrorisé, déclare : "Je suis l'agent de liaison d'Amirouche".
L'information circule : "Attention ! Amirouche porte une tenue camouflée et une casquette de parachutiste.
Rien qui lui ressemble dans les morts et les prisonniers. Une compagnie reçoit la mission de fouiller la zone. Un rebelle est repéré dans un éboulis, au bord d'une falaise. 4 paras l'ajustent et le criblent de balles. Le rebelle est habillé de la fameuse tenue camouflée, mais il n'a pas de casquette.
Les paras sont pratiquement sûrs d'avoir tué Amirouche. Les traits ne sont pas altérés et le visage correspond bien aux photos de presse publiées à l'occasion des sinistres exploits du tueur. Plusieurs musettes contenant l'organigramme et des documents de la Willaya 3 semblent l'attester. Le colonel Ducasse en est persuadé quand des prisonniers confirme l'identité du mort. Dès lors, c'est le défilé des autorités et des généraux (seul le général Massu passera un long moment avec les 7 blessés du régiment). Plus tard, 16 Kabyles identifieront formellement le corps.

Sur la lancée de sa retentissante victoire, le 6° RPIMa poursuit son action dans la région des Ouled Nails et autour du djebel Tsameur. Plus rares, les accrochages sont brefs et violents.

Le 1er avril 1959, en moins d'une heure, des tireurs camouflés sur les pentes du djebel Groun El Kebch blessent 6 parachutistes d'une compagnie en ratissage.

Durant les mois d'avril et mai, les unités du "6" participent à l'opération Couronne.

Les 5 et 6 mai, ce ne sont pas moins de 50 caches en tout genre et une douzaine de grottes et galeries que les paras mettent au jour.

Le 12, 5 membres de l'OPA de Mouzaïaville sont arrêtés. Dans le même temps, les ralliements progressent, et le capitaine Lepage, chef du 3 Bureau, lèvera une harka d'une centaine d'hommes à Bou Saada, au mois de juin.

Le 29, le 6° RPIMa est retiré de l'opération et ses unités sont regroupées à Blida pour la prise d'armes de passation de commandement du régiment entre le lieutenant-colonel Ducasse et le commandant Balbin. Pour ce dernier, c'est un peu la continuation de son aventure personnelle au sein du "6" depuis Quimper en 1948 (en 1950-51 il avait commandé en Indochine le 6 BCCP devenu 6 BPC).

EN juillet, l'opération ETINCELLE est montée dans les monts Hodna avec la 11° DP.

Le 8 juillet, le 6° RPIMa entre en action, toujours sur le même mode. Les bilans sont au rendez-vous : jusqu'au 19 juillet, parcourant la région de Tebouda, ratissant les oueds Rherouzn et Chaab es Souk, prolongeant sur Sidi Ben Amar et fouillant les mechatas de Mennzou, contrôlant la zone d'El Ktef, les paras tuent 43 HLL et font 13 prisonniers. Ils récupèrent 38 armes et détruisent une vingtaine de repaires fells.

Trois jours seulement de repos et de remise en condition à la base avancée opérationnelle et le 6° RPIMa est engagé dans la plus grande opération de la guerre d'Algérie : JUMELLES.

Le régiment retrouve son terrain de chasse de prédilection : la Kabylie, où la Willaya 3 est maintenant isolée et ses moyens réduits de 50%. Le FLN voit avec inquiétude se développer le "plan Challe". Il rompt, refuse le combat, se terre en attendant des jours meilleurs.

Le 22, le 6° RPIMa renoue avec les OAP d'envergure. Gaines confectionnées et matériel TAP perçu, les paras sont formés en sticks sur l'aérodrome de Telergma. A 6 h, ils embarquent dans les Nord-Atlas. A 7h30, le largage s'effectue sans incident. Les paras du "6" vont crapahuter dans un immense gruyère truffé de grottes et de cavernes, Durant 15 jours, le temps de l'opération PELVOUX, les paras chassent et accrochent. Les petits bilans journaliers entretiennent le moral.

Le 24, la 2° Cie abat un commissaire politiquede la Willaya 3 et la 3° Cie son médecin-chef.

Puis vient le temps de la patience. La pacification est prioritaire et les médecins pratiquent l'AMG (Aide Médicale Gratuite) à grande échelle.

Parfois, comme le 2 octobre dans la région de Tirilt, le "6" rencontre une bande rebelle encore agressive. Ce jour, le régiment aura 5 tués et 10 blessés.

Auprès des populations, le rapport de force a changé de camp.

Le 12 novembre, le régiment rentre à Blida.

L'opération JUMELLES présente un bilan éloquent :
- La Willaya 3 est en voie d'anéantissement
- 1/3 de l'OPA et 1/4 des bandes armées ont été détruits (2 245 tués, un nombre de blessés indéterminé, 1 073 prisonniers,1 127 OPA arrêtées et 364 armes dont 3 mitrailleuses et 17 FM ont été récupérées) et 149 HLL se sont ralliés aux Français.

Le 4 décembre, entre la manoeuvre aéroportée ZURICH sur le djebel Chenoua et des périodes de maintien de l'ordre à Alger, le 6° RPIMa découvre le barrage algéro-tunisien (Ligne Morice). Pendant 20 jours, les paras du "6" patrouillent entre les barbelés électrifiés, montent des embuscades et interceptent les groupes qui parviennent à franchir l'obstacle.

Le 28, après un Noël passé à Blida, le régiment retrouve l'opération JUMELLES et la Kabylie au plus fort de l'hiver. En Grande Kabylie, le 6° RPIMa affronte des conditions difficiles et toutes les activités sont éprouvantes.